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Accueil du site > Equipes de Recherche > Interaction entre migrations internationales, croissance urbaine et développement durable au Maroc > Problématique, objectifs, contextes, enjeux

Problématique, objectifs, contextes, enjeux

Les migrants, par leurs déplacements, mesurent les écarts de niveau de vie et de développement entre l’espace de départ et celui de destination. Les migrants ont aussi appris à épargner selon des stratégies à la fois individuelles et collectives. Ils envoient de l’argent à leur famille restée dans le pays de départ. Dans le monde, le montant des sommes envoyées est en constante augmentation. La Banque Mondiale et le FMI les évaluent pour l’année 2005 à plus de 167 milliards de dollars. Si les volumes annuels sont importants, le fait le plus marquant de ces dernières années est leur progression : ils sont passés de 3 milliards de dollars en 1970 à 70 milliards au début des années 1990 pour atteindre 167 milliards en 2005.

Avec plus de trois millions de Marocains à l’étranger, soit presque 10% de la population, le Maroc est considéré aujourd’hui comme l’un des principaux pays d’émigration en Afrique. L’émigration est devenue un secteur clef de la politique nationale grâce aux transferts monétaires, contribuant ainsi à l’économie nationale (près de 10% du PIB) et au bien-être social. Au niveau macro¬économique, les remises financières des émigrés couvrent une partie du déficit de la balance des paiements marocains. Il est maintenant admis que les transferts financiers permettent aux populations non migrantes de vivre plus décemment. Principalement, en milieu rural, l’initiative individuelle paraît plus largement collectivisée qu’en milieu urbain. Ce constat rejoint le discours dominant des pays d’immigration et des Nations Unies selon lequel les migrations internationales et la question du développement du pays d’origine sont étroitement liées.

C’est dans ce contexte que l’examen de la situation du Souss-Massa, l’une des seize régions que compte le Maroc, permet de mettre en relief un cas singulier sur l’échiquier national, voire international, à la fois par son épaisseur historique, son poids numérique et l’importance de ses effets sociaux, spatiaux et économiques. Outre une interrogation sur les émigrés comme acteurs de l’urbanisation, nous examinons les effets de leurs actions dans le domaine du développement et de l’environnement, en milieu rural et urbain, dans un contexte où la nouvelle organisation des sociétés civiles dans le mouvement de la mondialisation entraîne une multiplication des acteurs de la coopération pour le développement durable. Aujourd’hui, les institutions internationales fondent leurs interventions, notamment dans les pays du Sud, sur une exigence de mise en œuvre de pratiques de « bonne gouvernance », au travers de programmes visant le développement de « la démocratie participative ». La fonction régalienne des Etats a laissé désormais la place à de nombreux acteurs. Il doit composer avec les ONG mais aussi, plus récemment, avec les Organisations de Solidarité Internationale Issues des Migrations.