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Brazzaville. Pauvreté et problèmes environnementaux

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La population

D’une manière générale, on relève les caractéristiques suivantes concernant la population. La taille moyenne du ménage est de 5,52 individus. La moyenne d’âge du chef de ménage est de 43 ans pour une espérance de vie située à 52 ans. Les tranches d’âge allant de 35 à 54 ans sont les plus dynamiques économiquement et socialement. Les personnes à charge dans le ménage sont principalement les enfants avec une moyenne de trois enfants propres, auxquels s’ajoute en moyenne un individu supplémentaire chaque fois que le ménage s’accroît d’un enfant propre. L’individu supplémentaire est souvent une relation collatérale du chef du ménage ou de son conjoint. 20% des ménages sont dirigés par des femmes et ces ménages se singularisent par une petite taille des individus pris en charge (3 à 4) et une focalisation particulière dans l’arrondissement Ouenzé.

Plus de 60% des ménages interrogés vivent mariés ou « maritalement » et les relations et rapports économiques qui se tissent autour du mariage permettent à la société toute entière d’opérer des transferts de richesses et de valeurs au profit du groupe. C’est surtout dans les arrondissements de Makélékélé et Mfilou que l’organisation de la cellule de vie se structure autour de comportements communautaires.

Le niveau de formation du chef de ménage connaît une distribution particulière. Il existe une rupture dans la continuité de la formation entre niveau d’étude primaire et secondaire et niveau d’études supérieures. Les distributions montrent que l’absence d’un diplôme renvoie à des comportements de solidarité communautaire qui sont le propre des arrondissements périphériques, par exemple Mfilou. Les « sans diplôme » recourent à des mécanismes sociaux parallèles d’organisation et de vie des ménages. Un phénomène croissant est la recherche d’une activité professionnelle complémentaire.

Le développement

Le niveau de développement est appréhendé à partir des ressources financières des ménages et de leurs conditions de vie. Les ressources sont affectées à des dépenses alimentaires qui constituent le poste principal du budget des ménages, aux soins de santé, à l’éducation/formation, à l’acquisition d’un habitat rudimentaire et à l’assainissement de l’environnement. Les conditions de vie sont déterminées par le mode de gestion de l’espace urbain, mode qui relève principalement de l’Etat et/ou des collectivités locales.

Si 53% des ménages de Brazzaville restent largement en dessous du seuil de pauvreté, l’existence d’une forte disparité dans les revenus des ménages est apparue. Le revenu mensuel moyen du groupe des agriculteurs, des élèves et étudiants et des chômeurs, s’établit à moins de 45 000 FCFA ce qui classe ces individus comme extrêmement pauvres. Cette situation est valable aussi, dans une moindre mesure, pour le groupe constitué par les inactifs, les commerçants, artisans et chefs de micro-entreprises, ainsi que les ouvriers dont le revenu mensuel se situe entre 45 et 75 000 FCFA. A l’autre extrémité, les cadres et professions intellectuelles supérieures perçoivent des revenus allant de 200 à 400 000 FCFA, voire plus.

La pauvreté à une composante spatiale. Le niveau de dépenses individuelles journalières est en effet différent selon les quartiers :

Pour moins de 1 dollar, on parle de pauvreté extrême : c’est le cas des quartiers situés très majoritairement à Makélékélé, Bacongo et Mfilou ;

Pour un à deux dollars, on parle de pauvreté : c’est le cas des quartiers situés majoritairement à Poto Poto, Moungali, Ouenzé et Talangai. On trouve aussi quelques îlots de quartiers à lotissements modernes (OCH33, Quartiers SIC34, etc.) présents à Makélékélé et Bacongo ;

Pour deux à trois dollars, il s’agit d’un quartier habité par des non-pauvres constituant un îlot étroit au sein des nombreux pauvres de Talangai ;

Pour quatre dollars et plus, il s’agit essentiellement du quartier « centre ville », ancienne cité européenne, occupée de nos jours par les expatriés des communautés occidentales et les hauts cadres politiques et administratifs de l’état congolais.

Malgré ces disparités, les ménages à Brazzaville consomment au moins un repas par jour surtout le soir.

D’un point de vue sanitaire, plusieurs maladies liées au contexte de pauvreté et de malpropreté affectent les populations de tous les arrondissements sans discrimination. Les occurrences déclarées des maladies qui ont touché au moins un membre du ménage dans les douze mois précédant l’enquête concernent surtout le paludisme, la grippe et la typhoïde. Cette situation s’explique par l’environnement pollué et la destruction du système d’évacuation des eaux usées. Face à cela, les structures institutionnelles de santé n’offrent pas les soins appropriés.

Enfin, en l’absence d’une politique étatique de logement social à Brazzaville, on note l’auto-construction sans permis par les ménages. Le statut de locataire domine (39%) par rapport aux propriétaires (34%), tandis que l’occupation de logement à titre gracieux représente 25,7%. Ce dernier chiffre reflète la forte proportion de ménages à faibles revenus ne pouvant prendre en charge l’acquisition ou la location de manière autonome.

L’environnement urbain de Brazzaville

L’environnement urbain recouvre ici l’assainissement, l’habitat, les transports, l’énergie, l’aménagement de l’espace, etc. Celui de Brazzaville est caractérisé par la promiscuité et l’insalubrité de l’habitat dans la plupart des quartiers qui connaissent des problèmes d’accès à l’eau potable, de protection contre les risques naturels ou provoqués (érosions, inondations, etc.), de contrôle et de traitement des eaux usées, de collecte et d’évacuation des ordures. Cette dégradation de l’environnement est liée à une absence de politique d’urbanisation, à une forte croissance démographique due au croît naturel et à l’immigration, ainsi qu’au nombre croissant des ménages vivant dans l’extrême pauvreté.

En effet, il n’existe pas réellement de politique de logement à Brazzaville, le plan d’aménagement de l’espace ne laisse pas apparaître une architecture cohérente avec le lotissement des zones habitées, les styles architecturaux sont disparates, on croise au milieu des quartiers insalubres de belles villas modernes et des habitations précaires. La dégradation de l’environnement urbain par l’érosion hydrique prend une dimension dramatique qui trouve ses origines dans l’interaction entre l’occupation anarchique de l’espace, l’insuffisance des infrastructures, comme les canalisations, dans les zones d’occupation ancienne et leur absence dans les zones d’occupation récente, la fragilité du milieu naturel, etc.

La voirie n’assure plus l’évacuation des ordures ménagères et, a fortiori, ne contrôle plus les décharges. En saison des pluies, ces zones d’épandage se transforment en véritables cloaques dont les émanations pestilentielles nuisent grandement au confort et à la santé de la population. La gestion des déchets solides se fait selon des circuits de ramassage non déterminés et peu fréquents, ainsi que par des déversements non contrôlés le long des voies publiques, des ruisseaux, etc. Les établissements administratifs et commerciaux produisent surtout des déchets sous forme de papiers très souvent brûlés sur place. Pour la consommation de l’énergie, bien que doté d’énormes potentialités en ressources (pétrole, gaz, bois et hydroélectricité), le Congo et Brazzaville en particulier connaissent actuellement une grave crise du secteur énergétique. Un des graves problèmes auxquels est confronté la ville de Brazzaville est l’utilisation du bois-énergie pour satisfaire la demande des ménages.