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Brazzaville. Pauvreté et problèmes environnementaux

Conclusions et implications politiques

Les résultats montrent une juxtaposition entre le niveau de vie des ménages, le cadre de vie et la dégradation de l’environnement urbain. La dégradation de l’environnement s’observe là où les ménages vivent dans la précarité et le dénuement. La faiblesse des revenus, l’insuffisance et la vétusté des structures de base, liée à l’absence de politique publique d’urbanisation, expliquent la localisation des dégradations. Cette co-évolution reflète davantage les faiblesses de la gestion urbaine, plus qu’elle n’indique une relation de causalité pauvreté-dégradation de l’environnement. En effet, à niveau de vie égal, des quartiers montrent des différences importantes de la dégradation de leur environnement.

Les zones dont le risque d’érosion est élevé sont des quartiers périphériques de Brazzaville non équipés, même si l’érosion pelliculaire n’est pas rare dans les quartiers du centre ville. Cette dernière forme d’érosion est souvent liée à la détérioration et dégradation des canalisations. Il en est de même des fréquentes inondations dans ces mêmes quartiers. Des quartiers de Talangaï et une partie de quartiers du centre ville sont ceux qui présentent un risque d’inondation majeur par le fleuve Congo. Aussi, certains quartiers de Talangaï connaissent des glissements de terrain et des coulées de boue. La forte croissance démographique que connaît Brazzaville oblige les ménages à prendre d’assaut les espaces périurbains inappropriés frisant ainsi parfois la rupture des équilibres entre milieu naturel et milieu anthropisé. Les corollaires de cette évolution sont le non accès aux services sociaux de base (école, eau, santé, etc.) et la montée de l’insécurité.

Des changements politiques ont néanmoins récemment permis la réalisation d’initiatives de gestion de l’environnement urbain, grâce à la décentralisation et à la démocratisation, qui se traduisent par une redéfinition du rôle des autorités locales et nationales (Plan national de gestion des déchets solides, liquides et excrétas de la ville de Brazzaville, juin 2005 ; Plan national de gestion des déchets biomédicaux, septembre 2003). Ces initiatives privilégient la planification à long terme du développement urbain, la mise en application des mesures de lutte contre la pollution et d’autres réglementations protégeant le bien-être social, ainsi que la création de conditions favorables à l’initiative privée.

Dans ce contexte, les efforts d’amélioration de la gestion des affaires urbaines de Brazzaville devraient porter sur cinq points :

- Améliorer l’efficacité des institutions de l’Etat, qui doivent assumer leurs fonctions avec efficience et en tenant dûment compte des besoins des populations pauvres et des contraintes auxquelles celles-ci doivent faire face. L’ouverture et la transparence sont essentielles si les autorités veulent bénéficier de l’appui du public et donner une légitimité au système de planification.

- Reconnaître les lacunes de l’état, en termes de compétences ou de ressources, face aux problèmes d’environnement, et la nécessité de collaborer avec les représentants des collectivités locales et du secteur privé.

- Définir les rôles et responsabilités respectifs des pouvoirs publics, des acteurs du secteur privé et des organisations non gouvernementales en matière de planification du développement urbain, de mise à disposition d’infrastructures et de services et de régulation des activités économiques. Les investissements et les initiatives du secteur privé et des communautés locales nécessitent un environnement réglementaire sain.

- Rechercher un juste équilibre des pouvoirs et des responsabilités des autorités nationales, régionales et municipales. Pour être efficaces, les collectivités locales ont besoin de s’appuyer sur des législations et des institutions nationales en favorisant la protection de l’environnement.

- Assurer l’accès à l’information. Les décisions des autorités chargées de la planification et du développement urbain répondent souvent aux besoins des citoyens les plus aisés. Les collectivités défavorisées n’ont pas les connaissances nécessaires pour évaluer les conséquences des décisions de planification ou des mesures adoptées par les autorités municipales, ou pour proposer d’autres solutions susceptibles de mieux répondre à leurs besoins. L’accès à l’information est vital pour ceux qui veulent influer sur les décisions prises par l’État et le secteur privé.